Biographie (C.T.)

Le Père Mircea Domitriu, qui a été pendant un demi-siècle un des pilliers de l'Eglise orthodoxe roumaine de Paris, est né le 4 novembre 1915 des parents paysans de Béssarabie (le "Haut Pays"), le papa de la région de Hotin, la maman de la région de Bălți, participe à la guerre pour la libération de la Béssarabie occupée - commandant de peloton (1941-1942) -, il est arrêté et incarcéré à la prison de Brașov, d'où il parvient à s'échapper et, avec d'autres camarades, passe en Yougoslavie. Après de nombreuses pérégrinations, il est interné au camp de Buchenwald, où l'on compte déjà plus de 400 compatriotes en 1944. Libéré en août 1944, il rejoint « l'armée nationale » du gouvernement national roumain en exil établi à Vienne, comme chef de unité des transmissions, prenant part aux combats contre les troupes communistes soviétiques sur l'Oder.

Après la capitulation de l'Allemagne, il épouse une jeune Allemande, Elfride, baptisée orthodoxe Ioana Margareta. En 1948, ils s'installent tous les deux à Paris et pendant 30 ans il est ingénieur dans les bureaux "Méthodes mécaniques" de l'usine SIMCA, où il obtient de nombreux brevets d'invention de machines, se voyant décerner par l'Etat français le diplôme : "le plus méritoire ingénieur en construction dans l'industrie automobile, pour la période 1960-1973". Pour sa participation à l'organisation du "syndicat indépendant" à "Uzinele SIMCA", Mircea Domitriu reçoit la médaille de bronze, des mains du général De Gaulle. Participe à l'exposition philatélique internationale de Versailles, obtenant le premier prix avec une médaille pour la collection : Histoire de la Roumanie en images (comprenant 18 planches avec la carte de la Roumanie de la Dacie de Trajan à nos jours). Toujours à Versailles, il reçoit le deuxième prix pour la présentation du film La vie à la campagne, la moisson (16 mm. - 45 minutes).

A partir de 1962, à l'appel de Son Emminence l'évêque Teofil Ionescu, il suit les cours du soir de l'Institut de Théologie Orthodoxe « Saint Serge » à Paris. La même année, il est consacré diacre puis archidiacre et prêtre missionnaire au nom de l'Eparchie orthodoxe roumaine à Paris, passant définitivement de son nom de naissance Boris Stăjeniuc à celui de Mircea Edgar Domitriu (Almanach de l'an du Seigneur 1986, page 129).

Ordinnation du Père Mircea Domitriu

En 1963, le Père Mircea Domitriu fonde la Paroisse "Saint-Georges" à Cologne, au sein de l'association religieuse fondée par Mgr Teofil Ionescu, dont le président fondateur fut d'abord Gheorghe Agrita-Acrivu, suivi par l'honorable Dr Ioan Popa, et l'honorable Dr Alexandru Șuga. En 1982, il publie un Livre de prières, publié sous les auspices de l'Association orthodoxe roumaine du Nord-Ouest de l'Allemagne (Cologne, 1982, 256 pages).

Après un long service de 41 ans dans l'Église du Christ, le prêtre économe stavrophore, le missionnaire Père Mircea Domitriu est passé au Seigneur dans la nuit de la Saint André, du 29 au 30 novembre 2003, à 0h30.

Pr. Constantin Târziu


Évocation (T.B.)

Le Père Mircea Domitriu nous a quitté sur le chemin de l'éternité le 30 novembre 2003. 

Je l'ai rencontré ici à Paris, il y a environ un demi-siècle. Inséparable du Père Vasile Boldeanu, avec qui il était à Buchenwald à un moment donné.

Je me souviens très bien de la visite de ses parents à Paris, venus du fond de la Russie. Après la mort de Staline, vers 1956-1960, Khrouchtchev était au pouvoir en essayant de dégeler le régime. Afin d'avoir de la monnaie, il a permis à ceux qui fuyaient "l'empire" russe de contacter leurs familles restantes, très éloignées, dispersées dans toute la Russie, pour leur envoyer de l'argent dur (dollars) afin qu'ils puissent venir de Russie chez eux, ici en Europe de l'Ouest.

Părintele Mircea Domitriu era originar din regiunea Ungheni a Moldovei răpite. Părinții lui, țărani fruntași în satul lor cu pământ, adică proprietari - ceea ce pentru comuniști era o rușine: țărani culaci! Părinții lui au fost  deportați din satul lor basarabean, înfloritor sub români între cele două războaie, deportați deci prin fundul  Rusiei, pe la Taskent, în Siberia, să-i învețe pe cei de acolo să lucreze pământul. Iar în locul lor, în Basarabia,  au fost instalați alții, veniți de aiurea: tătari, cerchezi, ruși, găgăuți, ucraineni. Părintele Mircea le-a trimes  bani grei, acolo, în Siberia, unde se aflau. Iar Moșul și maica bătrână și-au cumpărat bilete de tren - toate cheltuielile de drum au fost plătite acolo în Rusia cu ruble din dolarii proveniți de la "fișiorul" lor din Paris.  Nu le-au lăsat - traversarea Europei de la Est la Vest - decât o sumă modestă în devize străine. Astfel, Moșul-tatăl și maica bătrână au sosit într-o zi la Paris. Moșul avea un toiag făcut în Siberia, din lemn de carp.  Amândoi cu hârtii rusești - nici ei nu mai știau cum îi cheamă. De altfel și băiatul lor, ca să-i poată chema, a  trebuit să semneze: Boris nu mai știu cum. În sfârșit, ce plăcere să stau de vorbă cu ei! Ce moldovenească, adică românească, cu dulceața de cireși amare, vorbeau. 

- Apoi, vezi tale, fișiorul nostru ! Pentru noi ne ești scump ca ochii din cap. Te-ai făcut mare. Te-ai nemțit.  (Părintele Mircea a venit din Germania cu o diploma de inginer mecanic. Lucra la SIMCA, ca inginer, foarte  cotat, de altfel.)

- Îți spun eu, tatăl tău, să nu te mai întorci la noi acasă, în Moldova la noi, căci nu mai avem casă ! Și-apoi o  să te trimeată prin Siberia să-i luminezi pe ocnași. Ia spune-mi : cu familia cum stai ? Copii ? 

Le père Mircea était marié à Elfride - quelle femme admirable ! Lorsqu'il fut ordonné diacre, puis prêtre, elle, Elfride, se sentait tellement dévouée à l'église où son mari était prêtre (elle n'était pas gênée d'épouser un prêtre, étant protestante de religion, puis orthodoxe, elle avait donc l'habitude de l'idée d'épouser un pasteur), elle était si dévouée qu'elle a lavé toute l'église par terre, afin que la Maison de Dieu soit propre. Quel dommage qu'elle n'ait pas eu d'enfants. Malheur encore plus grand : la jeune presbytera Elfride a succombé à une maladie impitoyable.

Encore, je me souviens du Père Mircea Domitriu - cette fois un prêtre assistant à l'église. Il aimait écouter et obéier l'aîné ou plus âgé et plus savant que lui en matière d'église. Pas maître, mais en obéissance au plus haut rang ou au plus expérimenté, il était tout le temps en tant que prêtre. Il obéissait le Père Vasile Boldeanu, puis le Père Constandache.

Le Père Domitriu - quand il avait encore ses forces - était un espoir d'être notre évêque. Mais, me semble-t-il, peu à peu il s'est retiré, en diminuant ses obligations ecclésiastiques de la vie active et mouvementée d'un prêtre-ingénieur (comme on l'appelait au SYMCA), après la mort du Père Vasile Boldeanu et après la mort de sa presbytera, et je ne sais plus quelles peines profondes. Charistique, il a toujours écouté le Saint-Synode des Russes hors des frontières basé à New-York.

Que le bon Dieu accorde que le sacrifice de toute une vie pour la nation et la terre dont tu es né, père aimant de sainteté, Mircea Domitriu, soit reçu là-haut !

Titus Bărbulescu